Clara Chappaz, ayant co-fondé Lullaby à Boston et travaillé pour des entreprises telles que Vestiaire Collective, est maintenant à la tête de La French Tech, dont la mission est d’aider les startups françaises à se développer en France et à l’étranger. L’éthique de travail acharné de Clara et sa volonté de faire performer une entreprise sont communicatives et inspirantes. Motivée, elle sait soutenir la croissance de l’écosystème tech grâce à des initiatives intelligentes et créatives.
PROFIL
Métier : Directrice de la French Tech
École Partenaire : ESSEC
Entreprise Client : Thales
Promotion : 2009
Problématique CPi : Développement d’une application de géolocalisation intérieure pour la navigation des aveugles dans de grands bâtiments, en partenariat avec des associations d’aveugles
Peux-tu me parler des connaissances que tu as pu acquérir grâce au programme CPi ?
Après mes études, j’ai poursuivi un MBA à Harvard aux États-Unis. Là-bas, il y avait une grande diversité de profils, allant des ingénieurs aux financiers en passant par des enseignants et des médecins. Cela m’a rappelé mon expérience au programme CPi, car c’était la première fois, dans le contexte des études traditionnelles françaises, que je travaillais avec des individus ayant des parcours et des expertises très différents. Avant cela, nous avions tous suivi un lycée généraliste et obtenu un bac S. C’était la première fois que je travaillais avec des designers et des ingénieurs et en fait, la vraie vie, dans les entreprises, c’est ça.
Je pense que la chose la plus importante, finalement, c’est d’apprendre à travailler avec des gens qui apportent de très différentes choses et d’arriver à faire aboutir le projet.
Ce qui m’a aussi aidé concernant la posture entrepreneuriale, c’est que l’on n’attend pas d’avoir 100% des réponses pour avancer, pour tester des choses. Je pense que c’est un état d’esprit assez différent de celui des classes prépa où on approfondit énormément, on va dans tous les détails, on apprend par cœur plein de choses.
Est-ce que tu as gardé un lien avec les élèves ou même des clients ?
J’ai gardé des liens assez forts avec certaines personnes de ma promo CPi, non pas avec les gens avec qui j’ai travaillé directement, même si on s’est écrit de temps en temps pour se donner des nouvelles. J’ai participé au programme avec un de mes meilleurs amis, on est devenu colocataire à l’ESSEC et cela nous arrive encore d’évoquer le programme CPi aujourd’hui.
Est-ce que tu as un souvenir ou une anecdote du CPi ?
Je pense que c’était plus lié au projet. La première fois qu’on est allé rencontrer une association de malvoyants pour étudier concrètement l’expérience utilisateur, ce à quoi pouvait servir la technologie, ce fut un souvenir très fort pour moi. Parce que tout de suite, cela devient beaucoup plus concret que les autres projets que tu peux faire en cours. En plus, sur une thématique qui est forcément hyper positive, tu te dis que si jamais le projet peut aboutir, cela peut avoir un impact sur la vie des gens.
L’entreprise prenait vraiment le temps et était impliquée dans le projet. C’était assez chouette aussi de voir la considération des gens qui avaient 20 ou 30 ans d’expérience et qui passaient du temps avec des jeunes pour leur expliquer la vision, c’était assez exceptionnel.
Quels sont les challenges pour cette année ?
Les défis auxquels je suis confrontée maintenant sont différents de ceux de mes précédentes expériences dans les start-ups. Au lieu de développer un produit et de chercher le premier client, nous traitons des enjeux plus larges liés à l’écosystème. C’est cela qui rend mon travail actuel au sein de La French Tech si intéressant. Notre objectif est d’aider à structurer, à surmonter les obstacles et à accélérer le développement sur divers aspects du paysage entrepreneurial.
Actuellement, nos enjeux se focalisent essentiellement sur la deep tech, cherchant à créer des liens plus solides entre le monde de la recherche et de l’entrepreneuriat.
Les dix premières années de la French Tech ont vu émerger des startups de taille importante dans le domaine du numérique, comme Blablacar, Lydia, etc. Maintenant, notre objectif est de soutenir une nouvelle génération de startups orientées vers l’innovation de rupture. Nous avons lancé un programme, French Tech 2030, qui se concentre sur des secteurs tels que la santé, la transition écologique et l’infrastructure numérique. Parmi les 125 lauréats, 40 sont basés sur des innovations du CNAS, et 70% sont des start-ups industrielles.
Nous avons récemment lancé à VivaTech l’initiative « Je choisis la French Tech », visant à décloisonner le monde des startups, l’économie générale et l’administration publique. Notre objectif est de doubler en cinq ans la part des achats de ces entités vers les startups. Cette initiative, qui implique une large gamme d’acteurs, vise à stimuler le développement des startups, en particulier dans un contexte financier potentiellement complexe.